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OEUVRE: Standby de Oussama Tabti

Photo du rédacteur: NJNJ

Oussama Tabti a réalisé une oeuvre en 2011 en scannant les dernières pages d’une quarantaine de livres où figure la date d’emprunt à la bibliothèque de l'ex- Centre Culturel Français d’Alger (aujourd'hui une antenne de l'Institut Français d'Algérie), établissement bien connu du public algérois et en particulier des étudiants. L'idée de concevoir une installation lui vient lorsqu'il constate une interruption de dates entre 1994 et les années 2000, période durant laquelle les prêts ont été suspendus et pour cause: l'établissement avait en effet dû fermer ses portes lors des événements tragiques qui ont marqué le pays. Stand By se veut ainsi un témoignage sur une époque douloureuse et ses effets sur la vie artistique et culturelle en Algérie.


L'œuvre exposée en 2011 à la 3ème FIAC d'Alger (MAMA), à la Biennale de Dakar en 2012, au MACBA, et primé au Salon de Montrouge a finalement été acquise par le MACBA (Musée d'art contemporain de Barcelone) qui l'a intégrée dans sa collection.

Elle est exposée à BOZAR Bruxelles dans le cadre du festival Moussem Cities jusqu'au 2 mars 2020.



Oussama Tabti, Stand By, tirage numerique sur papier, 2011 / 36.7 x 48.8 x 3 cm
Stand By, Oussama Tabti

"En consultant des publications présentes à l’Institut Français d’Algérie, Tabti a découvert que les dates de prêt et de restitution des livres présentaient un espace temporel d’« inactivité », correspondant à la période des conflits évoqués précédemment. Dans cette œuvre, l’histoire s’exprime sous la forme d’une parenthèse, d’une inactivité, d’un silence : des lecteurs qui ne se rendent plus à la bibliothèque, des livres qui ne sont plus empruntés ni lus, des échanges manqués, des conversations perdues. À travers une forme esthétique qui rappelle la photographie conceptuelle des années 1970, Tabti nous livre les archives brulantes d’un temps historique qui, tout en étant récent et vif dans la mémoire des citoyens, reste un fait exclu de la représentation historique, objectivée et partagée par cette même commu-nauté. Ainsi, de manière plus globale, l’œuvre de Tabti nous invite à réfléchir sur les mécanismes de représentation ou de dénis que chaque société applique sur les faits gênants et inconfortables de sa propre Histoire." — Bartomeu Mari



Détails de l'oeuvre Stand By, Oussama Tabt
Détails de l'oeuvre Stand By, Oussama Tabti

En savoir plus:

Site de Oussama Tabti : https://oussamatabti.com/

Site du MACBA, propriétaire de l'oeuvre: https://www.macba.cat/en/art-artists/artists/a-z/tabti-oussama


A propos de Oussama Tabti :


"L’artiste appartient à une génération qui n’a connu de la décolonisation qu’une version officielle. Ainsi son travail se présente souvent comme la mesure de l’oubli ou de l’absence. Son œuvre Stand-By, 2011 présente par exemple les pages de livres empruntés à la bibliothèque de l’Institut Français d’Alger, dont les tampons de dates de restitution montrent une absence totale de consultation entre 1994 et 1999, correspondant aux terribles années de guerre civile. L’accumulation de ces documents montre un flagrant silence de la pensée, qui laisse entrevoir en creux la terreur d’une population civile sacrifiée dans un conflit sanglant nimbé de grandes confusions. La musique est souvent pour l’artiste la manifestation d’une échappée, un propos politique soluble dans l’air. L’œuvre Meknine Ezzine, 2016, se matérialise par un haut-parleur perché qui laisse entendre un chant de chardonneret, cinq fois par jour, à l’heure de l’appel des muezzins. Le titre Meknine Ezzine, en français joli chardonneret, est un standard de musique chaâbi, écrit par Mohamed El Badji après un séjour en prison en 1957. Chantant l’appel à la prière depuis sa cellule, ses geôliers lui disaient « Chante, chante, toi l’oiseau dans ta cage, chante l’amour ou la rage »." - François Quintin

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