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Bon coiffeur: à propos des enseignes de coiffeurs en Afrique

A Bamako, Accra, Abidjan, Lomé ou Lagos, c'est un commerce qui ne connaît pas la crise. La coiffure y est un art et la manière de promouvoir cette activité en est peut-être un aussi. Dans chaque quartier, les salons de coiffure se comptent par dizaines, et à l'échelle de l'une de ces mégapoles, leur recensement demanderait sans doute beaucoup de temps. Souvent, rien de plus qu'une petite baraque en bois recouverte d'une tôle, un fauteuil et un miroir, le salon de coiffure se distingue d'abord par l'originalité de son enseigne publicitaire.


"Peintes en couleurs vives sur du contreplaqué ou de l'isorel, ces enseignes sont de l'art folk africain contemporain coloré, amusant et parfois scandaleux. Elles sont le reflet d'uns tradition déjà ancienne, celle du tressage et d'une certaine forme de sculpture capillaire, et sont les témoins du choc culturel entre la mode africaine et les influences venues d'ailleurs (principalement américaines) ".

Parmi les coiffures cataloguées, on relève de nombreuses références à la culture afro-américaine, comme la coupe "Mike Tyson", ou encore aux grandes marques qui symbolisent le "rêve américain" , comme la coupe "Ford Cut", la "7up" ou la "Boeing 707" concurrente de la "Concord cut". Parfois peintes par les coiffeurs eux-mêmes, mais le plus souvent par des artistes locaux en quête de petits boulots ou associés au sein d'ateliers (de décoration, calligraphie, sérigraphie etc.) , ces enseignes sont à la fois destinées à signaler la présence de ces petits commerces dans le quartier, et à lui servir de support publicitaire détaillant la liste des coupes homme et femme réalisables par la maison.

Les enseignes de coiffeurs et barbiers d'Afrique sont désormais des objets de collection, notamment aux Etats-Unis où plusieurs musées leur consacrent des expositions qui mettent en valeur l'originalité et la diversité de cet art populaire. Art naïf, art brut, art populaire, "folk art", design graphique approximatif...ces panneaux aux couleurs vives se situent à la croisée des genres et l'une de leurs principales caractéristiques plastiques consiste en un style pictural figuratif qui ne se préoccupe ni de perspective, ni de proportion, ni de précision.


Transpositions urbaines de la symbolique des arts traditionnels, réminiscences désacralisées et mémétiques d'un art ancestral , les enseignes sont l'expression d'un "être-au-monde" africain contemporain en ce qu'elles nous relient au quotidien économique et social le plus réel de l'Afrique.

Des enseignes de coiffeurs sont régulièrement présentées dans les catalogues de vente aux enchères, comme récemment à Drouot (Vente pas courante du 2 mars 2019) où trois lots en provenance de la galerie Albert Loeb (cf. catalogue lot n°118,119, 120) ont été estimés entre 180€ et 300€. Plusieurs sites de vente en ligne, comme eBay et Etsy, affichent régulièrement ce type d'objets avec des tarifs variant entre 300 et 500€. La Maison Herbelin à Chinon affichait quelques lots en provenance du Togo et du Burkina Faso en 2011 avec une estimation à 100-300€.


Le leader de ce marché est incontestablement la galerie INDIGO ARTS GALLERY de Philadelphie qui propose sur son site de vente en ligne une collection "Barber Shop and trade signs from africa" contituée de dizaines d'enseignes principalement d'Afrique de l'Ouest à des tarifs variables (375$-750$) selon la provenance, le thème et la qualité de l'oeuvre.

Ouvrages de références Ici bon coiffeur : les enseignes de coiffeurs en Afrique / [photogr. par] Jean-Marie Lerat ; textes de Jean Seisser Éditeur : Syros-Alternatives (Paris) African Signs (Written by Rob Floor Designed by Gert Van Zanten w/ introduction by Paul Faber - Senior Curator Africa at the Tropenmuseum, Amsterdam Published by KIT Publishers Haarlem, Netherlands, 2010)


NJ

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