Seni Mbaye
(1952-2019)
Oeuvres
Né le 18 octobre 1952 à Dakar, Ousseynou Mbaye dit Wëz, et plus connu sous le nom de Seni Mbaye est un artiste autodidacte pensionnaire historique (depuis 1998) du célèbre Village des Arts de Dakar.
Seni Mbaye qui rêvait de devenir militaire a fini par choisir la voie de l’art. “C’est pour donner envie de vivre, c’est pour tuer l’angoisse”, avait-il expliqué lors d'une interview .
Seni Mbaye a fini par devenir un artiste peintre et sculpteur confirmé, qui a développé au cours de sa carrière différents styles aussi bien abstraits que figuratifs. Seni Mbaye s’est formé en fréquentant Les Ateliers libres de Pierre André Lods à la Médina, dans les années 70. Il a été très proche de ses frères Kré Mbaye et Mouhamadou Mbaye dit Zulu et a vécu au cœur de la Médina des années 1980. Le Centre Culturel Français l'accueille lors d' une première exposition en 1985. En 1986, c'est une exposition collective consacrée à la fratrie des Mbaye, sous le bel intitulé « Les 3 MBAYE » à la Galerie 39 sur l’Avenue Ponty, qui marque significativement sa carrière et lui offre une place sur les cimaises de grandes galeries européennes. Il expose d'abord en Allemagne, à la Stadtiche Galerie de Wending, à la Iwelewa Haus de Bayreuth en 1988, puis à Salerno en Italie en 1991. Deux expositions personnelles à Daker au Goethe Institut en 1991 et à la Galerie des Quatre Vents en 1993 marquent son ascension. Au début des années 2000, il est aussi présent dans les grandes expositions internationales comme "Art contemporain du Sénégal" à Carthagène (Espagne). Autre étape importante dans sa carrière, en avril 2004, il expose au Schomburg Center for Research in Black Culture de New York (Harlem) puis dans le cadre de "Senegalese Contemporary" à l'Alliance Française de Washington.
La signature de Seni Mbaye est aujourd'hui visible dans plusieurs prestigieux établissements hôteliers de la capitale sénégalaise et au Centre international de conférences Abdou Diouf (CICAD). Ses œuvres sont également présentes dans de nombreuses collections privées et publiques au Sénégal comme à l'étranger.
“Profondément inspiré par la culture ouest africaine, il exprime à travers ses œuvres l’essence même de l’Afrique, sa culture, son intensité, sa vitalité”. Celui qui signait sous le nom de Seni appréciait l’abstraction avec une grande sensibilité et un sens des nuances.
Seni Mbaye nous a quitté le mercredi 29 mai 2019. Il a été inhumé a été inhumé le jour même au cimetière de Yoff, à Dakar, en présence de nombreux amis, parents, artistes et personnalités de la scène culturelle sénégalaise.
Plus d'infos
Seni est un magicien des formes, un alchimiste de la couleur, un explorateur de la pureté et de la beauté primaire. Sa peinture prend ses racines dans un monde fantastique où la pureté des formes se dispute la magie des couleurs, sans prétention, sans mimétisme, sans mensonge. Il recourt souvent au noir, qui n'a pas de signification négative comme souvent en Occident (mort, deuil, vide…) mais renvoie à la notion d'héritage et au rapport de l'homme aux forces ancestrales et aux "autres" , ces êtres anciens et invisibles qui tourmentent l'inconscient et dont on ne se débarrasse que par la "magie" des cérémonies de guérison où le fétiche joue un rôle primordial. Dans les religions et les croyances animistes plus ou moins structurées, on les appelle jnoun, djin, majnoun…de Dakar à Djibouti, leur noms varient. Les œuvres "Signes masques" réalisées en 2005 illustrent ces croyances et expriment cette dévotion aux ancêtres, les masques matérialisant la puissance du divin ou des forces surnaturelles dans les pratiques rituelles. Pour Seni, l'art moderne, comme la peinture, peut prendre le relais et réaliser cette alliance entre le sacré et l'esthétique. Sur un fond rouge sang, couleur de passions paradoxales, de l'amour comme de la colère, surgissent une série de griffures d'un noir profond, comme des scarifications totalement opaques qui symbolisent ces êtres surgis de la nuit des temps et invisibles à la lumière.
Si Seni Mbaye a fait quelques concessions à l'art figuratif dans sa production, son empreinte abstraite, si caractéristique et immédiatement reconnaissable, est absolument unique en son genre dans l'art africain contemporain.